Guillaume de Nogaret. (1260 -1313)
Homme
de loi, originaire du Languedoc, Guillaume de Nogaret fut d'abord professeur de
droit romain à l'université de Montpellier et conseiller juridique de divers
seigneurs, et notamment du roi de Majorque. Entré au service de Philippe le Bel
vers 1292-1295, il s'entremit lors de l'achat par le roi de la part qu'avait
dans la seigneurie de Montpellier l'évêque de Maguelonne, puis fut juge-mage de
la sénéchaussée de Beaucaire (1294), conseiller du roi (1295) et garde du sceau
(1307). Il dirigea en fait la politique royale après la mort de Pierre Flote
(1302). Le roi l'anoblit par lettres dès 1299.
La part la plus importante de son
action politique est peut-être l'oeuvre quotidienne pour la défense, la
préservation, la définition, voire l'extension des droits du roi à l'intérieur
de son propre royaume. C'est là qu'il est, entre autres, le "légiste" du roi. Il
s'y montra intransigeant et efficace, mais n'y conquit guère la popularité.
On connaît davantage son rôle dans
la lutte contre Boniface VIII et dans l'affaire des Templiers. Contre le pape,
il infléchit la ligne politique de Flote, qui défendait contre le Saint-Siège le
droit du roi à être maître dans son royaume, donc maître de son clergé; pour
Nogaret, il s'agit surtout de défendre l'Église et le royaume contre un pape
indigne; venu à la curie pour notifier à Boniface VIII un appel devant le futur
concile - qui annulait toute sentence que pourrait rendre le pape contre le roi
- et placer la personne du pape sous l'autorité de l'appelant, Nogaret se trouva
mêlé au tumulte déclenché par une faction romaine (Anagni, 7 sept. 1303) et, par
là, compromis avec les fauteurs de violence. Le pape mort, il entretint une
lutte de plus en plus vaine contre la mémoire de celui-là; il multiplia les
écrits pour se justifier, ce qui contribua à associer son nom au souvenir de
l'attentat d'Anagni. Il fut implicitement inclus dans l'absolution négociée en
1311. L'affaire du Temple lui avait également servi de moyen de pression sur la
papauté. Pour la petite histoire, le père et la mère de Guillaume de Nogaret
auraient été brûlés par la Sainte Inquisition, car ils étaient hérétiques (ils
étaient cathares). Ceci explique sans doute la haine de Nogaret envers la
Papauté.
Nogaret fut le premier homme d'État
français qui fit appel à l'opinion publique, convoqua systématiquement des
assemblées, fit répandre des pamphlets et lança une campagne de pétitions.
L'offensive de 1303 contre Boniface est un modèle du genre. Mais Nogaret demeura
souvent à l'arrière-plan, faisant parler ses hommes de confiance, parmi lesquels
Guillaume de Plaisians. C'est ce dernier qui harangua la foule dans les jardins
du palais et qui prit part à l'interrogatoire des Templiers.
Nogaret mourut alors que la
prépondérance dans la gestion de la politique royale était déjà passée au très
réaliste Enguerrand de Marigny.
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